Le débat reste ouvert en photo animalière entre partisans des focales fixes et utilisateurs de zooms. Pour ma part, j’ai toujours pratiqué la focale fixe avec essentiellement un objectif de 300mm monté sur un Reflex à petit capteur (tel que mon Nikon D300) et une focale de 500mm lorsque j’utilise un boitier full frame comme mon Nikon D4. Les arguments généralement avancés pour préférer les focales fixes sont de 2 ordres : en premier lieu, c’est une question de qualité d’optique, les focales fixes étant généralement considérées comme (légèrement) meilleures que les zooms. En second lieu, c’est également une question de philosophie de la pratique photographique consistant à choisir sa position de prise de vue en fonction de la taille du sujet et du cadrage que le photographe a en tête plutôt que de s’en remettre à la « facilité » de la focale variable. Ce second point ne tient pas uniquement du simple masochisme, elle a des vertus pédagogiques pour le photographe animalier en herbe : réfléchir à la photo que l’on désire faire et calculer ses distances d’approche ou d’affût en conséquence.
Il est cependant des circonstances où la focale variable rend bien des services. J’ai vécu une de ces situations en janvier 2014 à l’occasion d’une séance de prise de vue à Baringo (Kenya). Le but de mon voyage photographique était de poursuivre mon travail sur les oiseaux en vol sur fond blanc de ma série « Voltige » mais cette fois avec pour sujet des oiseaux de l’avifaune africaine. Ces prises de vue se font à partir d’une tente d’affût à environ 4 ou 5 mètres des oiseaux attirés par des graines ou des fruits. Mais, là où en France les visiteurs de la mangeoire sont tous à peu près de la même taille (entre 10 et 15 cm), j’ai eu l’opportunité à Baringo de voir des oiseaux de taille très variable : le plus petit étant le Souimanga (environ 10 cm de long pour moins d’une dizaine de grammes) et le plus grand étant le Calao à bec rouge qui approche 1m30cm d’envergure. La conséquence de cette diversité étant que, lorsque j’étais en bonne position avec ma tente à 4 m et mon 500mm pour prendre en photo un Souimanga, je n’étais bien sûr plus en mesure de cadrer un éventuel Calao qui aurait été trop grand et donc inévitablement coupé. Si, inversement, je reculais mon affût pour pouvoir cadrer un Calao, c’est alors le Souimanga qui aurait occupé une place ridicule sur mon image impliquant de forts taux de recadrage en post traitement synonyme de perte de qualité. C'est ce que montre l'image ci-dessous (Montage réalisé à partir de 2 photos):
Pour pallier ce problème il faudrait sans cesse avancer ou reculer la tente d’affût en fonction de l’oiseau qui se présente ce qui n’est, vous l’avouerez, pas pratique et peut également susciter des dérangements chez les oiseaux (même s’ils sont en général assez tolérants). Changer d’objectif n’est pas non plus une solution optimale : cela prend du temps et finalement on n’a jamais la focale adéquate au moment opportun. Il y a bien sûr la solution de doubler tout le dispositif avec 2 boitiers sur 2 trépieds distincts avec chacun une focale différente : l’un pour les petites espèces et l’autre pour les grosses. Mais cela conduit à alourdir à la fois le budget mais également le poids de l’équipement emporté.
C’est ainsi que j’ai redécouvert les avantages d’un zoom qui dans ces circonstances m’a bien tiré d’affaire. J’ai « chaussé » mon 70/200mm avec un affût positionné à environ 2 mètres de la « scène ». A la focale de 200mm j’étais en mesure de cadrer un Souimanga de façon assez serrée pour que celui-ci occupe une place substantielle sur mon image finale alors qu’à la focale de 70 mm j’étais en mesure de faire rentrer (de justesse) dans mon champ un oiseau de la taille du Calao.
Ci-après quelques images mettant en évidence ces différences de tailles du sujet prises lors de mon séjour à Baringo. Parmi les gros : le Calao à bec rouge et la Tourterelle su Cap ; et, parmi les petits, toujours le minuscule Souimanga à longue queue.
Les tirages de ces images sont disponibles à l'achat en cliquant sur la photo.
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Jérôme Guillaumot
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